cie l'Involontaire - enfants de Kinjiki
équipe (danse, musique, texte, vidéo) Mickaël Crampon, Pascale Guirimand, Michel Briand, Rémi François, Emma Dupré, Bertille Guiot, Joyce Lainé.
Kinjiki veut dire "amours interdites" en japonais - autrement dit homosexuelles. C'est un roman de Yukiô Mishima de 1953, dont Tatsumi Hijikata a emprunté le titre pour une performance de 1959, aujourd’hui considérée comme point de départ du butô. Hijikata est alors fasciné par Jean Genet, par sa tendresse à revers, et il cherche sa place parmi d’autres artistes d’avant-garde. Violence et sexualité, outrage, amour et liberté, après les horreurs de la guerre et sous le joug du pouvoir états-unien, les limites s’éprouvent, la vie persiste à vivre.
Enfants de Kinjiki se veut une fratrie-sororie engendrée par ces amours, par une visite acharnée des (d)égoûts de l’époque. Dans un collage de tableaux aux styles éclectiques, tel un portait de famille, bâtarde évidemment, nous voulons dire ce que nous avons appris/découvert sur les débuts du butô, partager ce qui nous a touché/ému/avivé dans ces corps aux aguets, donner à voir ce que ça nous fait, dans nos histoires et nos corps travaillés par les violences des mondes d’aujourd’hui.
Le Kinjiki d’Hijikata est ambigu : d’où vient la tension entre les deux hommes, est-ce un viol ou de l’amour, que représente la poule étouffée entre les jambes du plus jeune ? Dans l’ambiguïté nous voulons voir l’expression, ou plutôt la persistance, d’une vie.
Dans Enfants de Kinjiki, nous plongeons dans Kinjiki, performance de Hijikata Tatsumi de 1959 que l’historiographie considère comme fondatrice du butô. Nous déplions Kinjiki et nous nous déplions du même coup. Les premières investigations, tant théoriques que corporelles, montrent l’ambiguïté des débuts du butô, entre violence et tendresse, rejet et amour, honte et affirmation ; la recherche d’une sincérité impossible. Assoupis dans le noir, nous trouvons les interdits, les figures du Père ou du Prêtre, tous ces moments où on a essayé de faire bonne figure malgré l’humiliation et l’échec ; nous trouvons la honte et le dégoût de soi, dont Hijikata et Genet, sa grande inspiration, nous disent que c’est beau et peut fleurir. Nous trouvons aussi un queer d’avant l’heure, auquel il nous plaît de nous confronter depuis nos ancrages féministes et queers actuels, en le décentrant de la question des masculinités.
Les débuts du butô mêlaient danse, arts plastiques et littérature, nous faisons de même en réunissant une équipe pluridisciplinaire. Et pour diffracter la figure quasi-mythique de Hijikata, nous approcherons Kinjiki depuis nos singularités : nous avons entre 25 et 65 ans, nous sommes artistes chercheur·se·s et artisan·e·s, nos formations se sont surtout faites à l’école de la vie. Enfants de Kinjiki consistera ainsi en un ensemble de formes témoignant d’un processus de recherche : un cabaret documentaire et poétique mêlant des esthétiques, des médias, des adresses variées, un film d’inspiration surréaliste et un axe orienté recherche qui cherchera à comprendre ce qui, au tournant des années 50-60, animent Hijikata et les débuts du butô.
Penser la réception de cet ensemble est essentiel pour nous car nous savons que ce que nous trouvons beau ou intéressant dépend autant du fond que de la forme. Il nous faudra, dans chaque lieu où nous travaillerons et avec chaque partenaire, créer les conditions adéquates pour partager nos traversées de Kinjiki.
soutiens Conseil départemental de la Drôme, RAMDAM, UN CENTRE D'ART, ACCR/5ème saison
accueil en résidence SPT Lavauzelle, ACCR/5ème saison, La Fabrique-Dervallières, Le SEPT CENT QUATRE VINGT TROIS - Cie 29.27, Le Plato, RAMDAM, UN CENTRE D'ART
En résidence du 6 au 12 janvier, du 24 février au 2 mars, du 24 mars au 13 avril, du 5 au 11mai et du 18 au 29 juin 2025.
Ouverture publique le ve 4 avril 2025 à 20h. Réservation indispensable. https://www.helloasso.com/associations/ramdam-un-centre-d-art/evenements/enfants-de-kinjiki-cie-l-involontaire