Mayalen Otondo - MAYDAY
Mayalen Otondo et Benjamin Lebreton
« Quelle est la part de la fatalité (historique, sociale, individuelle) et quelle est la part de la liberté ? Question impossible : on ne fait pas sa part à l'une ou à l'autre. Il faut les prendre ensemble, dans leur unité vécue. Mais par où commencer ? » C'est ce que soulève André Gorz dans son Traitre.
Alors commençons par Médée.
Laissant derrière elle les corps épars de ses victimes, jouant de ses talents d'oratrice et d’empoisonneuse, femme libre ou qui n'a de cesse de se libérer au prix de sa propre chair, Médée avance, de terre en terre, de la Colchide à Athènes, par les mers ou par les cieux. Trahisons, meurtres, exils qui jalonnent son histoire en font un personnage monstrueux mêlé de beauté, de détresse et de cruauté : Medea atrox, « Médée, au visage sombre et sauvage » dira sa nourrice.
Son mythe concentre tous les rouages d'une mécanique de la passion alliant au lyrisme de la douleur la stratégie du mal. Il embrasse d'un seul corps et d'une seule voix les questions du désir, de la liberté, de la fatalité, de l'amour et de la haine. Il révèle ce qu'il y a de fascinant et de terrifiant dans l'horlogerie minutieuse des événements, de ce qui nous enchaîne et nous permet par là-même d'exercer notre liberté.
D'Euripide à Heiner Müller, Médée traverse les oeuvres et les personnages et fait retentir derrière elle l'écho assourdissant de l'appel de détresse « Mayday Mayday Mayday » des grandes tragédies de l'histoire humaine.
En résidence du 20 juin au 2 juillet
Ouverture publique, soirée partagée avec le collectif 21.29.7 le 1 er juillet 2016