Stage de Luxe
Je ne vais pas vous mentir, ce qui compte, c’est la splendeur. C’est la beauté des vêtements, c’est votre disponibilité à la splendeur, la manière dont votre peau se baigne dans la lumière, comme la lumière se baigne dans votre visage, votre corps entier, c’est plus beau, le corps entier, plus beau que le visage seul, c’est votre disponibilité au monde, à la vie, à celui qui vous regarde, votre confiance, votre capacité à calmer votre peur, à calmer la peur de celui qui vous regarde, à calmer la peur de tous ceux qui vous regardent, c’est jouer, c’est le talent, « Qu’est-ce que c’est que le talent, disait Barbara, c’est peut-être seulement de savoir sourire, d’entrer en scène et de sourire », ou peut-être de ne jamais tricher, comme assurait la Callas — ou Rudolf Noureev, qu'est-ce qu'il dit ? « Je me sentais léger et je plaçais mon corps à l'endroit de la légèreté » —, c’est l’amour, jeu terrible, évidemment, parce qu’on y arrive aussi en trichant, croit-on, on y arrive avec une voix fausse, à la tromperie, mais aussi avec une voix juste, mais aussi avec ses défauts, on y arrive avec la folie, avec des murs, avec des griffes, on y arrive toujours parce que, bien entendu, ça ne s’apprend pas, se baigner, se baigner dans le fleuve où l’on ne se baigne pas deux fois, « Je dis souvent : On ne se baigne jamais deux fois dans la même personne », dit le chercheur en neurobiologie Alain Prochiantz, d’où l’intérêt d’un stage, un temps pour ne rien comprendre, pour ne rien faire, oui, c’est ça : un temps pour ne rien faire, on peut y arriver en en faisant beaucoup, et laisser faire l’accumulation des temps, des processus, on peut y parvenir en parcourant Shakespeare ou Tchekhov ou Dante, de préférence dans les langues originelles, ou en chantant Carmen ou en dansant Giselle : ce sera, toujours, toujours, toujours, moi, je vous le dis, ce sera toujours ne rien faire. C’est ce que je vous dis, moi. Le monde a tellement besoin d’interprètes pour ne rien faire. Laisser parler le monde, oui, il a besoin de se connaître. Dans mes spectacles, je n’ai jamais fait travailler personne, jamais, c’est impossible. J’ai mis en scène ce mystère : des hommes, des femmes s’oublient, se donnent, ne savent pas comment ils font, jouent car ça leur est naturel, pour qu'on les aime, ou pour aimer, joue leur beauté, leur secret, l’inconnu secret dont ils ne partagent que le talent, le sourire.
YNG
Yves-Noël Genod ne se présente lui-même que comme un « distributeur » de poésie et de lumière. Un « dispariteur » (nom de son association). Pour certains il s’agirait d’un « théâtre de l’invitation », « théâtre chorégraphié ». C’est en tout cas un théâtre qui veut faire de la place. Créateur de chimères, d’inconnu, d’irréel… il a pourtant le sentiment de n’inventer jamais aucun spectacle qui n’existe déjà. Il fait passer le furet : « Passé par ici, il repassera par là… ». La révolution, c'est la redistribution des richesses. Ce comédien — donc ce menteur — prétend s’effacer derrière une œuvre qu’il désire n’être que trace infime, mais dans l’optique pascalienne : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».
Après Leçon de Théâtre et de ténèbres, grande fresque théâtrale en sept épisodes et un épilogue ( Manuel de Liberté, Les Entreprises Tremblées et Or, La Splendide Actrice, N°5, Par délicatesse j’ai perdu ma vie, Leçon de ténèbres et Rester Vivant) représentée au Point du jour en 2015, Yves-Noël Genod revient en terres lyonnaises pour ce "Stage de Luxe".
Le stage à lieu du 30 novembre au 4 décembre 2016 : 10h-13h 14h-17h.
stage complet.
12 participants maximum.