Singspiele - Cie Maguy Marin
conception Maguy Marin
interprétation David Mambouch
scénographie Benjamin Lebreton
lumières Alex Bénéteaud
création sonore David Mambouch
son Antoine Garry Aide
costumes Nelly Geyres
« L’histoire de chacun se fait à travers le besoin d’être reconnu sans limite ; l’amitié désigne cette capacité infinie de reconnaissance. Imaginer que ce besoin soit constamment celui d’autrui, que l’autre comme nous-même soit livré à cette exigence et acharné à obtenir réponse, qu’il se dévore lui-même et qu’il soit comme une bête si la réponse ne vient pas, c’est à quoi on devrait s’obliger et c’est l’enfer de la vie quand on y manque. Le chemin de la reconnaissance, c’est l’infini : on fait deux pas, on-ne-peut-pas-tout-faire, mais personne n’ose justifier autrement que par un petit cynisme le recul devant une telle tâche… »
C’est à partir de ce fragment d’un texte de Robert Antelme que nous avons voulu dans ce travail donner place et attention à des visages, anonymes ou reconnaissables, qui apparaissant, captent notre regard avec l’étrangeté d’une perception, inintelligibles dans l’immédiat.
Travail d’écoute de ce que précisément ou confusément ces visages nous disent de leurs corps absents, l’histoire particulière que ces visages muets portent, et qui nous échappera toujours. Ils nous parlent d’un lieu que J.L.Nancy nomme « le parler du manque de parole », un lieu « d’avant ou d’après la parole ». Quels mystères irréductibles se cachent derrière cette constellation de sensations qui nous arrive au contact d’autrui ? Du visage d’autrui ? Une épiphanie qui déborde ses expressions, révélant alors l’invisible d'un individu singulier là devant nous.