Institut des Croisements - Necropolis

© Kanellos Cob © Kanellos Cob
septembre 2019 > décembre 2019
Performance

concept et chorégraphie Arkadi Zaides
dramaturgie Igor Dobricic
administration et production Simge Gücük / Institut des Croisements
diffusion internationale Julia Asperska & Koen Vanhove / Key Performance

Le 20 juin 2018, à l’occasion de la Journée Mondiale des Réfugiés, l’artiste turque Banu Cennetoğlu a publié dans les éditions papier et en ligne du journal Guardian la « Liste archivée des 34361 réfugiés et migrants morts à cause de la politique restrictive de la ‘forteresse européenne ’ ». Cette liste fait uniquement état des morts officiellement signalées. Le bilan réel est sûrement bien plus lourd. Sur les rivages on trouve des corps décomposés, des restes humains ; ils nous livrent le récit d’un corps collectif dont le spectre plane sur le territoire européen. Cette masse de chair humaine nécessite et mérite un tri, une catégorisation, une organisation.

Récemment le champ des enquêtes médico-légales, autrefois réservé à la police et l’état, s’est ouvert à des organisations et chercheurs indépendants et a gagné en visibilité. On peut ici citer par exemple le travail de Forensic Architecture . Cette pratique nécessite de naviguer parmi différents indices, documents et informations issus de sources diverses. Avec l’aide d’une équipe de scientifiques bénévoles, Cristina Cattaneo, médecin légiste et anthropologue s’est elle attaquée à une tâche sans précédent : tenter d’établir le profil génétique de centaines de migrants décédés dont le nom, l’origine ethnique et l’âge sont peut-être perdus à jamais. Nous souhaitons, en premier lieu, rencontrer Cristina Cattaneo et pouvoir échanger avec elle pour se familiariser avec ses travaux de recherches.

Toute enquête médico-légale suppose l’existence d’un crime passé sous silence : la violation du droit à être identifié, être reconnu et présent dans nos mémoires. Les victimes de cette violation sont rassemblées dans une vaste cité, la cité des morts : Nécropolis. Cette cité ne renvoie pas à un lieu spécifique mais bien à une situation diffuse : elle est partout et se manifeste sous forme d’occurrences variées dans le temps et l’espace ; Nécropolis est une carte, un paysage, une méta-structure qui projette son ombre invisible sur l’histoire et la géographie contemporaines.

Nécropolis est désorganisée, mal gouvernée, nous ne disposons d’aucun système suffisamment efficace pour classifier et rassembler toutes les données concernant ses citoyens morts. Dans le cadre de leurs recherches, Arkadi Zaides et son équipe souhaitent se pencher sur la pratique de la médecine légale afin d’élaborer une base de données / un corp(u)s d’informations / une archive. Le fait de rassembler et de classifier les fragments découverts peut ainsi permettre de mettre au jour un corps nouveau, un avatar, une silhouette digne de Frankenstein fruit de l’assemblage de morceaux de corps humains incompatibles. A la fois imaginé et factuel, ce nouvel / ancien corps bouge, danse et se raconte.

Arkadi Zaides s’intéresse tout particulièrement aux possibilités qu’offre l’espace virtuel, à la fois comme lieu de stockage des données et comme scène potentielle pour des corps virtuels. Grâce à des nouvelles technologies des corps virtuels pourraient être produits et mis en mouvement par les performeurs présents sur scène. L’espace virtuel devient alors l’espace chorégraphique, lieu où les corps qui dansent, construits à partir d’indices passés sous silence, livrent leur performance.



site de l'artiste

 

coproduction Théâtre de la Ville, Festival Montpellier Danse, Les Ballets C de la B, Charleroi Danse, CCN2 - Centre chorégraphique national de Grenoble
résidences CCN - Ballet de Lorraine, STUK, PACT Zollverein, WP Zimmer, Workspacebrussels, Cie THOR, PimOff Milan
aide à l’expérimentation : RAMDAM, UN CENTRE D’ART 

 

Arkadi Zaides / Institut des Croisements est soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Auvergne-Rhône-Alpes

En résidence du 09 au 22 décembre 2019